Saturday, October 21, 2006

Silence

Tais-toi un peu, ma colère. Tu as trop marché, maintenant. Je sais, tu n'es pas fatiguée, allonge-toi tout de même, ça vaudra mieux. C'est vrai, tout n'a pas marché comme tu le voulais. Des trous se sont formés dans le parquet; tu ne pouvais le prévoir: tu as failli sombrer; tout va mieux maintenant. La nuit est tombée comme ma main sur ton épaule, avec sérénité. Tu as l'air si triste, parfois. Il faut t'endormir, ma colère, t'endormir peut-être pour toujours. Tu ne peux continuer à vivre de cette manière. Les trous dans le parquet vont se multiplier et tu n'auras aucune chance de t'en sortir, ma colère, ma sainte colère. Et on se moquera de toi. Ce sera ton supplice éternel: on ne cessera jamais de rire de ta pauvre dégaine. Ce seront toujours les mêmes qui s'esclafferont. Tes ennemis, les pires êtres vivants que l'homme ait connus. Ceux qui te détestaient tellement qu'ils auraient pu t'anéantir s'ils en avaient eu le courage, le pouvoir. Je t'aime tout de même, ma colère, même si parfois tu me fais honte. Regarde au loin le songe qui marche sur un rayon crépusculaire. C'est vrai, il n'est rien de plus beau que le crépuscule. A ce moment-là, les êtres venus d'un passé très lointain adressent un sourire à la clarté de mes rêves.

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