Sunday, November 12, 2006

Aurore

Il faudrait changer de cap, c'est ça, comme disent les autres. A force de tourner en rond, l'espace dans lequel on s'agite devient circulaire et on perd la tête qui tombe dans les mains. Du coup, on entre dans le délire; on n'en sort qu'à grand peine. Ces réfléxions m'empêchent d'écrire et ma pensée tremblote. Dans quelques instants, ce malaise disparaîtra. Dans quelques instants, ce sera de l'histoire ancienne. Rien de plus beau que l'histoire ancienne. Elle sent l'humidité, comme une vieille photo. Le ciel n'est plus bleu comme avant, voilà. "Tu regardes le chien de ta vie qui veut te mordre." Qui vient de me souffler cette phrase absurde? On me souffle que l'absurde n'existe pas, que l'absurde est une invention d'écrivains dépressifs, qu'il faut se méfier des dépressifs destructeurs, que je ne suis pas assez prudent. Haussant les épaules, je me remets à écrire. Je finis par déchirer la feuille de papier,-dont il doit exister une exacte copie, quelque part. Pourquoi douterais-je de cette réalité? Pourquoi ne me multiplierais-je pas? Je sors et vois des ombres prendre corps, des corps qui rient, qui sautent parce qu'il fait grand froid. Je les imite, je me moque de ces corps en décomposition; c'est à ce moment-là que le jour commence à se lever et que je me dis que je vais me heurter à un mur de fer si je continue à marcher sans but comme ça. Ceux qui croient que je délire sont des niais.

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