J'étais presque mort, il y a quelques jours; mes heures étaient comptées; la lumière du matin n'en finissait pas d'agoniser: je maudissais la destinée de tous les hommes. Demain, je ne me souviendrai plus de tout cela. Demain, je me loverai dans un nouveau rêve, rêve qui, bien évidemment, tourne sur lui-même. Je tourne; le vertige s'accélère; je pousse un cri: une image prend forme en face, là-bas, comme une image neuve du retour à la vie. Je tends la main vers l'inédit, vers la nouvelle science, qui sait, vers l'aurore de toujours. Des bribes de poèmes se balancent dans tous les espaces en même temps. Les poèmes fondent dans mes mains. Les poèmes ne sont plus que de la poussière. Je les ai tant aimés. Ils datent de l'autre vie, de l'autre espoir. Je sens l'orgueil gonfler ma poitrine. Je vais annoncer à tout le monde la bonne nouvelle. Mais je m'endors tout de suite. Sommeil noir. Je n'ai plus aucun souvenir. Il y a quelques jours, je n'existais peut-être pas. Il y a quelques jours, le monde n'avait peut-être pas été encore créé. Je vais mieux, maintenant. Si, je me souviens tout de même que j'ai été roué de coups par des ombres sans corps, les spectres du passé et de l'avenir. Au fond, c'est ça, il faut détester les hommes. C'est beaucoup mieux comme ça. Endors-toi, toi la fleur damnée qui es enfin revenue à la vie. Le non-sens perd de sa vigueur, depuis quelques minutes.
Sunday, May 27, 2007
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