Saturday, December 01, 2007

Cessons de haïr les charretiers



Depuis sa création en 1984, la chaîne Canal + a changé le paysage audiovisuel français, il faut bien le reconnaître. Depuis 1984, l'impertinence s'est installée en France, dont le visage a changé. Plus rien ne sera comme avant, comme on dit. Avant, on subissait Roger Gicquel; maintenant, (depuis des décennies, en réalité), on peut profiter de la présence quotidienne du maître incontesté de la télévision rebelle, de la connerie sur pattes qu'est Michel Denisot. Ne le boudons pas. Ses invités sont de marque; rendez-vous compte: Charlotte Gainsbourg, Yves Jégo ou Joey Starr. Et même Fadela Amara, dont le vocabulaire ne semble pas s'être enrichi depuis son plan anti-glandouille; mais ne la critiquons pas. Elle a son franc-parler, comme disent les révolutionnaires cathodiques. Hier ou avant hier (Je ne sais plus; j'ai appris cela par hasard; j'ai la faiblesse d'être dégoûté par Le Grand Journal, de ne pas regarder ce grand moment quotidien.), elle a lancé cette formule qui a dû faire frémir les amateurs de sentences, de La Rochefoucauld ou Chamfort. Peut-être passera-t-elle à la postérité. Jugez-en par vous mêmes. Elle a eu ces mots savoureux: "J'en ai rien à foutre, foutre la merde, je m'en fous." Certains stylisticiens appelleront cela un polyptote. D'autres, un langage de charretier. Ce qui est une vraie injustice.
Cessons donc de haïr les charretiers. Comme s'ils étaient les seuls à user d'un langage de merde... Elle parle comme un charretier! On peut à bon droit casser la figure de celui qui use d'une expression pareille. N'oublions pas que les amateurs de formules toutes faites ont une activité cérébrale extrêmement lente. C'est la mort cérébrale.

No comments: