Sunday, March 25, 2007

Eloge du Professeur Tournesol



Je commence par dire que ce sportif du matin, toujours dans l'action qu'est Tintin n'est pas pour moi le personnage le plus sympathique des aventures qui portent son nom. C'est seulement dans Tintin au Tibet qu'il est touchant, intéressant, humain, pour tout dire.
Je préfère de loin, le personnage au pendule, Tryphon Tournesol, le distrait absolu au pendule qui se dirige perpétuellement à l'ouest. C'est dans Le Trésor de Rackham le Rouge, qu'il apparaît la première fois, en inventeur d'un sous-marin qui se casse en deux dès qu'on s'y installe, d'une machine à repasser catastrophique, d'un lit encastré dans un mur...Et finalement d'un sous-marin solide qui sera bien utile à Tintin pour ses plongées sous-marines.
C'est avec Tournesol que Les Aventures de Tintin prennent plus d'étoffe. Elles s'étaient déjà enrichies du Capitaine Haddock dès Le Crabe aux Pinces d'or. A partir du Trésor, la lecture de Tintin n'est plus ennuyeuse. J'ai du mal à relire Tintin en Amérique ou L'Oreille cassée. Retourner dans le monde parallèle et poétique de Tryphon Tournesol, retourner dans le monde de ce personnage sourd, sourd à la réalité, qui prend la Castafiore pour une artiste peintre, s'excuse auprès d'un perroquet de l'avoir pris pour un oiseau, qui est en perpétuel décalage(décalage poétique des dialogues où les répliques se suivent sans lien entre elles) avec ce que les autres personnages lui disent est chaque fois un plaisir renouvelé, un grand plaisir. Tryphon, un personnage coupé du monde, d'un autre monde, l'univers du songe, un personnage de savant fou poète. Qui finira par monter sur la Lune et créer un appareil à ultra-son dont il brûlera les plans pour se consacrer à la création de nouvelles fleurs dans Les Bijoux de la Castafiore. Qui ne sort du rêve, qui n'entre dans la réalité que pour faire éclater sa colère, colère hallucinante, comme dans Objectif Lune où il ne supporte pas que le furieux Capitaine Haddock prononce le mot 'zouave'; comme dans Vol 714 pour Sidney où il roue de coups ce personnage sans scrupules qu'est Lazlo Carreidas. La réalité rend furieux. Cela, je peux très bien le comprendre.

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