Sunday, March 25, 2007

Inhumanité

On a fini par tout brûler; le monde a été détruit. Devenu fou, je danse sur les ruines. Non, je ne suis pas devenu fou. Je joue à l'homme heureux, l'homme heureux qui est seul, si seul qu'il a perdu l'usage de la parole. Les robots d'en face avancent; ils veulent m'apprendre à vivre; le soleil retourne à sa place; mes yeux jaunissent: la pensée a des rides. J'ai tellement de plaies que je suis devenu un monstre. Je fais peur aux inhumains qui continuent d'avancer, s'imaginant peut-être que j'ai peur d'eux. Je n'ai peur de personne; je suis armé; je suis invincible; la Terre voit sa gravité augmenter: les robots, dans quelques minutes, vont rester sur place. L'horloge explose. Les débris vont pénétrer dans ma chair, comme si je n'avais pas déjà assez souffert. Je ne pousse pas de hurlements, non. Je ne veux pas qu'on entende ma détresse. Les robots immobiles seraient trop heureux du spectacle affligeant que je donnerais. Je patauge dans la réalité pesante. Eux aussi. Il ne faut plus croire qu'en soi-même. C'est la nouvelle philosophie. La philosophie insensée du monde inhumain. Les robots fondent au soleil, mon allié. La gravité s'allège. Je vais devenir métaphysique. La nuit enfin descend sur le monde. Le crépuscule a bel et bien disparu. Il n'est rien de plus désagréable que de rêver à l'humanité. La beauté semble ne plus avoir beaucoup de sens.

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