Friday, July 06, 2007

Il faut fuir

"Rien de plus épuisant que de chercher un appartement!" C'est ce que je me disais cet après-midi, ayant passé cinq bonnes heures au téléphone. Vers une heure et demi, le propriétaire d'un appartement rue de Gerland me répond, me dit qu'il n'est pas à Lyon et me donne le numéro de téléphone de son associé. Je l'appelle et il me donne le numéro du locataire de l'appartement. Le numéro n'était pas attribué. Je rappelle l'associé qui me dit que le locataire sort du travail à cinq heures, de me rendre rue de Gerland à six heures, de frapper à sa porte ou, s'il n'est pas là, de frapper aux autres portes, les appartements étant tous les mêmes et de le rappeler, si l'appartement m'intéresse. Il semblait tomber des nues quand je lui ai appris que le numéro de téléphone du locataire n'était pas attribué. Lui a-t-il donné un faux numéro?
Descendu à la station Debourg, j'ai dû remonter la rue de Gerland presque jusqu'à la place Jean Macé. Marcher rue de Gerland est toujours un grand plaisir pour moi, vous savez. J'arrive au 71, me retrouve devant un portail, qui s'ouvre sur une grande cour caillouteuse. Je me souvenais de cette cour. Au bout de deux minutes, je me rappelais mon ami ossète artiste peintre qui était à cet endroit, partageant un squatt avec des Russes et des Polonais. Je demande à une sorte d'énergumène bombant le torse s'il connaissait monsieur Hamouda, le locataire que je devais rencontrer. Il semblait le connaître, me reprenant même: "H'mouda!" J'avais mal prononcé. Il faut dire que ma connaissance de l'Arabe est très limitée. A part quelques insultes, je n'y connais rien. L'énergumène me montre du doigt un escalier en colimaçon, à côté duquel pourrissent des boîtes aux lettres. Hamouda, 1er étage. Je monte. Ce sont cinq appartements et un balcon.
Pas de Hamouda sur aucune porte. Le squatt était là, mes souvenirs étaient précis.Seulement, à l'époque, les murs ayant été cassés, les appartements n'en faisaient qu'un. Je frappe à deux ou trois portes. On ne m'ouvre pas. L'une d'elles étant entr'ouverte, je vois une vieille dame effrondrée sur son assiette. A ce moment-là, apparaît un autre individu, aussi louche que l'autre, avec qui je discute quelques minutes, qui me dit que la vieille dame est très malade et que Hamouda doit habiter au deuxième étage. Pas du tout convaincu, je monte tout de même au deuxième, frappe à une porte une fois, deux fois, trois fois. On m'ouvre et je vois un être teint en blond et en combinaison, les jambes comme des spaghetti, tenant, dans la main droite, un petit chien. Elle semblait sortir d'un trou. J'ai regardé rapidement l'appartement, une sorte de grotte. Non, jamais je n'aurais pu pénétrer dans un endroit pareil.
La femme, probablement une droguée, me dit qu'elle ne connaît pas de Hamouda. Je composais le numéro de l'associé du propriétaire quand j'ai fermé le portable. J'ai fui. Je ne pouvais plus supporter cet endroit. Je m'imaginais rentrer dans un de ces appartements, un jour sombre et froid, un jour de novembre. Je me suis vite engouffré dans le métro. Mon malaise était immense.

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