Tuesday, December 26, 2006

Contre la gentillesse


Il ne vaut mieux pas être gentil avec les horribles. On ne peut distribuer la pitié, comme ça, sans discernement; on devient risible, forcément. J'ai appris, ce matin, que José Ramos-Horta, le Premier ministre du Timor oriental a souhaité un joyeux Noël à Oussama Ben Laden, qui, comme on s'en doute, va être bouleversé par cette marque de sympathie. Sa conscience va être touchée s'il se met à regarder la BBC et entendre ce magnifique message. Peut-être Ben Laden est-il notre frère humain, qui sait? Peut-être a-t-il des qualités de coeur; peut-être est-il un homme séduisant. Où se cache-t-il donc? Au Pakistan? En Afghanistan? Si nous le trouvions, nous pourrions le gratifier d'un long baiser d'amour. D'amour christique, même. Il n'est pas notre ennemi. Lui aussi est aussi une créature du Seigneur Tout-puissant; lui aussi doit être plein de bonté et de miséricorde. Pour tous les responsables "des siècles de souffrance des musulmans." Il faut supplier Ben Laden d'aimer l'humanité, les Chrétiens, les Européens! Arrêtez, je vais pleurer!
En réalité, José Ramos-Horta doit être un vrai imbécile. Il ne déteste pas les musulmans, bien que les islamistes aient anéanti ses frères et soeurs. Qu'il ne cultive pas la haine, c'est tout à son honneur mais Oussama Ben Laden ne doit pas bénéficier de la moindre compassion. Il faut être contre la gentillesse, voilà. Ce terroriste doit être détruit. Le reste, ce sont des mots.
On devrait rédiger un message d'amour pour les Américains. Mais eux, c'est vrai, ne méritent pas la moindre pitié. Ce sont des oppresseurs, des faux démocrates, oui, des faux démocrates, puisqu'ils font la guerre en Iraq: c'est le raisonnement des abrutis. Ce ne sont pas des êtres humains. Peut-être sont-ils des extraterrestres. On ne peut jurer de rien.
On peut me rétorquer que José Ramos-Horta est prix Nobel de la paix et, que par conséquent, il est tout à fait normal qu'il envoie des messages de paix, d'amour. J'en conviens mais alors, il faut en tirer une conclusion définitive: les prix Nobel de la paix sont un peu ridicules.

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