Tuesday, December 26, 2006

L'art d'être triste


Nino Ferrer, c'est avant tout une immense, une énorme tristesse, un grand chagrin de la vie. "La mélancolie de Nino", comme le titre du livre de Franck Maubert. Un saturnien, comme dirait Paul Verlaine. Quand il chante la baie de Rio ou le sud. Mais il ne suffit pas de souffrir, il faut avoir aussi les mots pour exprimer la souffrance. Nino Ferrer possédait l'art d'être triste. L'art d'être (faussement) superficiel comme dans ses chansons dites comiques: L'homme à tout faire, Le télefon, Bismarck ou Madame Robert. C'est toujours un délice d'entendre ses chansons aux paroles, aux rimes si inattendues, ses textes fous. Je les chantonne souvent. Ce sont parfois des tourbillons, des valses de mots, comme dans Je vends des robes, une chanson qui pourrait ne jamais finir, où tout, la totalité du réel pourait être dite. Le vertige des mots. Le refrain de cette chanson, NIno Ferrer l'a réalisé: "Si j'aurais pu, j'aurais aimé vivre à la campagne, tout l'année." Il a fini sa vie dans le Quercy, où le 13 août 1998, il a mis fin à ses jours. On a dit que c'est la mort de sa mère qui l'avait profondément affecté. On a prétendu aussi que c'est le refus d'une musique de film qu'il avait composée, qui a été la cause de son suicide.
J'ose le dire: Nino Ferrer est un cas unique. Mélancolie et joie du verbe. Inexistentes dans la chanson française si mauvaise, la plupart du temps. Comment supporter plus de cinq minutes un Babar con comme Carlos? Et les autres: Sardou, Lama et les chanteurs de notre époque: Bruel, Obispo, Fabian, Ségara, ces nullités sans nom.

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