Sunday, December 03, 2006

Vision d'horreur

Je regarde la femme qui pleure, là-bas, et qui ne veut plus voir personne. Le monde n'existe plus, pour elle. Je ne crois pas qu'elle soit minée par le chagrin. J'ai trouvé: elle pleure de bonheur. Je ne m'approcherai pas d'elle. Elle pourrait me faire du mal. Je la dérangerais. Je suis assis sur un ancien banc. Sur la place qui était vide il y a quelques minutes grossit la foule. Des odeurs fouettent mes joues. La femme semble maintenant être assise à côté de moi. Pourtant, je la vois encore, à quinze mètres de moi. Elle est dans un rêve. Je me trompe souvent mais je suis un peu plus lucide aujourd'hui. Elle doit se dire que le cauchemar commence dès qu'on se réveille. C'est stupide, ce que je viens de dire. Si je m'approchais d'elle, ce serait pour lui cracher dessus. Comme un salaud. Je ne la vois plus. Elle est cachée par la foule délirante. Des musiques se lèvent et se mêlent aux odeurs de sulfure d'hydrogène. J'ai l'impression d'avoir les pieds noyés dans une mare d'oeufs pourris. La femme a certainement disparu à jamais de la surface de la terre. Peut-être a-t-elle été phagocytée par la foule cannibale. Je ne me lèverai pas pour aller vérifier. Je sens qu'une attaque nerveuse va m'envelopper. Mais cela ne fait rien. Je suis plus fort que jamais. Le banc a fondu et je tombe par terre. Un gag qui fait rire la délirante qui n'a pas fini de se torturer elle-même. Que faire?

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