Sunday, December 17, 2006

Dégoût

Je n'ai plus envie de parler à mes semblables. Ils pèsent des tonnes. Ils ne savent pas ce qu'ils racontent. Ils me dégoûtent. J'ai glissé sur une pente savonneuse. Je crois même que je me mets à insulter tous ces gens qui deviennent mes ennemis. Je vais vomir sur eux. Je ris. Je ne me prends plus au sérieux, subitement. J'ai l'impression qu'on me souffle à l'oreille que je joue très bien mon rôle. Mais si je me sens mal, ce n'est pas une illusion; les illusions n'existent pas. Ceux qui croient aux illusions sont des imbéciles. Bande d'imbéciles! Je vous fusille du regard. Vous êtes morts et enterrés. Je danse sur vos tombes, je crie. Je voudrais devenir fou, une fois pour toutes. Je me sens si léger que j'ai la sensation de léviter, comme un saint, un saint d'une cruauté sans limites. Le dégoût perd de sa puissance. Je sens la pesanteur me gagner, moi aussi, comme une maladie. Nous ne nous en sortirons pas; nous sommes en phase terminale. On me souffle que la représentation a assez duré, que j'en fais trop, d'arrêter de faire du zèle. Les spectateurs en ont assez de mon jeu. Je surjoue, voilà. La salle est vide. Je n'ai eu aucun succès; je ne suis pas drôle: je ne suis pas original. Le ciel descend, le ciel en carton. Je vais mourir assommé. La lune, pendue à un fil, va amorcer sa chute, elle aussi. Je vais pleurer comme jamais je n'ai pleuré. Ensuite, je serai calmé, je me sentirai mieux. Le ciel et la lune reprendront leur place.

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