Friday, December 08, 2006

Naufrage

Me voici dans une cuve de sang. On me dit que je vais me noyer, que je m'agite trop, que j'aurais dû apprendre à nager, que je vais mal finir. Je ne réponds rien, bien sûr. Je crains que l'on ne m'enfonce la tête dans la cuve de sang. Je ne sais qui pourrait me sauver. J'aurais dû m'attendre à me retrouver un jour dans une telle marmelade. J'ai bien envie de crier à l'aide mais je suis muet. Je gesticule, je me sens coupable. Je crois que je n'ai que ce que je mérite, que j'ai fait trop de mal, que je n'aurais pas dû naître. C'est ça, je n'aurais pas dû venir au monde. Il n'y a que les abrutis pour en venir à de telles conclusions. Je perds la tête, voilà. On me regarde, on me fait des signes, je crois entendre que tout va bien se passer. Je crois même qu'on me console. Ce sont des voix venues de très loin, peut-être d'une autre époque. Depuis que l'on m'a plongé dans la cuve de sang, toutes les époques semblent se superposer. Des miettes temporelles doivent flotter autour de moi. Je m'en persuade. J'en suis certain. On m'en veut. Je suis un assassin, c'est ça. Un assassin. Je perds chaque fois l'occasion de me taire. Je ne dis que des balivernes, des balvernes qui font mal. On m'a prévenu. Je n'écoute personne. Je suis autiste. Enfoncez-moi la tête dans le sang. Moi, je sais que je m'en sortirai, que vous ne pouvez rien contre moi, que c'est moi le plus fort. De fortes odeurs se lèvent, celles de mes ennemis invisibles qui voudraient bien en finir ave moi. J'ai trop vécu. On me le chuchote. On s'en persuade. La nuit qui soulage obscurcit le sang qui ne me contamine plus.

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