Saturday, December 09, 2006

Supplice

Les mensonges m'entourent. Ils sont là, comme des animaux grognant, prêts à tout. Ils vont tout détruire, si ça continue. Ils sont si dangereux que je commence à avoir très peur. Le pire, c'est les ombres. Elles se forcent à ricaner, elles sont bien hypocrites. Ma grimace me fait mal. Je vais souffrir dans quelques minutes. Il n'y a pas de raison pour que cela se passe autrement. Une grande douleur s'installe dans mes gencives. On m'y enfonce le couteau de la blague sordide. On se force à m'insulter, à nous insulter. Oui, c'est nous, maintenant. Tout le monde souffre, tout le monde pleure. Ces jérémiades me mettent hors de moi. Il faut cultiver le ressentiment envers les menteurs qui marchent sur des chemins hérissés de lames de rasoir, au bord d'un océan de boue parfumé. Moi-même, je patauge en gémissant. Brusquement, je voudrais qu'on me vienne en aide. Je porte mes mains à ma gorge, comme pour en expulser la boule qui grossit. Non, je ne deviendrai pas fou. Je me salis, je sens mauvais, comme vous tous, les pleureurs professionnels. Je vais vous insulter. Je n'y parviens pas. On va m'attacher les mains, me faire endurer le supplice de l'écrasement. Entre deux meules, je mourrai. Non, je me monte la tête. Je ne rêve pas. Je regarde mes chaussures. Je préfère regarder ailleurs. J'ai fermé ma main sur les mensonges. Tout à l'heure, je les jetterai dans la poubelle de l'histoire. J'aurais envie de rire et que mon rire fasse exploser la planète. Je me sens beaucoup mieux. Je me regarde dans l'horizon comme dans un miroir non-déformant. Je peux dormir tranquille, maintenant.

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