J'avais trop de mal à mettre un pied devant l'autre; mon corps colle à l'asphalte; je suis tombé et je ne me relèverai plus: on continue de me battre. Je vais me vider de ma substance; le soleil s'est caché derrière le rideau noir. C'est fini. J'ai cru à beaucoup de chose; je ne peux plus penser; le cerveau est en faillite: je n'ai même plus la force de pleurer. Le monde s'enfonce; cette vérité est évidente; la mort n'a plus la force non plus de se rire de moi, de nous. La mort que j'ai personnifiée tout à l'heure dans un poème médiocre. Jusqu'à quand va-t-on me frapper? Je ne bouge plus. La vie monstrueuse crache sur ma carcasse gémissante. La vie monstrueuse se multiplie; je me doutais bien que l'histoire se terminerait comme cela; je n'ai pas encore perdu la tête: la révolte a perdu toute énergie. Les alexandrins se cassent en deux. Les hypocrites se relèvent d'entre les vivants. Je ne vois plus rien. La lumière s'est éteinte. Je suis éteint. Le vacarme monte comme une vague d'assassinats. Je ne sens plus mon corps. L'âme râle. Il n'y a pas de destin. La volonté s'érige. Les animaux n'en ont pas encore fini avec moi. Le sort en est jeté. Je ne colle plus à l'asphalte; je suis debout, maintenant; j'ai ouvert les yeux, je suis armé et personne ne pourra plus rien contre moi. La nuit se recroqueville sur elle-même. J'anéantis les corps qui me minaient.
Friday, April 06, 2007
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