Je l'attendais; elle est venue, enfin; la nuit qu'on avait presque oubliée, la nuit qui soulage. La lumière m'a meurtri pendant des années. J'avais fini par la haïr. Je ne le regretterais pas. Maintenant, les contours s'effacent; l'ombre envahi le rêve; voilà que les jours ralentissent; la pesanteur s'épaissit un peu plus. Je peux maintenant composer quatorze alexandrins, un sonnet définitif. Je crois en moi comme jamais. Au fond, c'est une forme de bonheur que je vis là. Les maisons inversées se remettent à l'endroit; l'instinct recule; le sang dsparaît, le sang que faisaient couler les factieux immondes: je peux envisager l'avenir. Je suis presque fier de moi. Tout se passe comme si c'était moi qui avais fait tomber la nuit. Voilà, j'ai déjà écrit deux alexandrins; j'ai bien fait attention à la césure chaque fois. Je ne vois plus le papier sur lequel j'écris. Au moment où je finis le quatrième vers, je deviens aveugle. C'est bien ça, il ne faut plus rien voir:il faut vivre dans la nuit obscure, comme l'autre saint. Au moment où j'atteins le huitième vers, le vent tiède apporte une autre lumière, celle qui ne vous agresse pas, celle que vous n'attendiez pas, celle qui fait hurler les animaux à la mort. On me chuchote quelque chose, c'est certain. C'est comme une prière. Mon sonnet est une prière; j'hésitais à la dire; j'ai beaucoup de difficultés à réaliser le dernier tercet mais je sais très bien que j'y arriverai, parce que j'ai la foi. Le vent est violent, maintenant. J'ai toujours cru à tort que tout s'écroulerait autour de moi. Je garde espoir.
Monday, April 09, 2007
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