Friday, April 13, 2007

Tout le monde

Et voici les protestaires; la foule gonfle; je suis au-dessus de la foule. Je dors, je rêve du passé mais je vais me réveiller dans un hurlement qui me torturera les tympans. Et j'avalerai mes souvenirs comme des aliments infects. Je sais ce que je dis; j'ai l'expérience, maintenant; les sentiments se sont envolés: tant pis pour eux. Je suis dépourvu de toute nostalgie depuis des années, déjà. Avant...il n'y a jamais eu d'avant. Il n'y a jamais d'avant. Le passé est une illusion. C'est le songe qui me souffle cette vérité primaire. Le futur, aussi. Le présent s'étire indéfiniment. J'allais dire: le présent élastique mais je trouve que l'image n'est pas très bonne. Je suis si pauvre en images, aujourd'hui. J'ai un peu pitié de moi. Je sais, je ne devrais pas avoir pitié de mon corps asséché, mais qu'y puis-je? Je suis comme un sauvage. On me l'a si souvent reproché. Tout le monde crache sa colère; le venin va me coller à la peau; il va me brûler comme de l'acide; on rit: je vais tomber dans le gouffre où la foule mécontente commence à s'armer. La foule a toujours tort. On ne m'entendra donc jamais. La foule est indifférente. Et alors? La foule n'est qu'un corps; l'esprit recule: la chasse est ouverte. Le sang nouveau va couler. La barbarie a frappé ses trois coups comme au théâtre. Tout le monde se précipite sur des ennemis qui gémissent au fond d'un gouffre étroit. On ne peut plus rien m'apprendre.

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