Le corps s'allonge; les membres tremblent; ils désirent la volupté: la flaque rouge, là-bas, s'étend, vous pourriez vous y noyer. Peut-être une vie souterraine s'y multiplie-t-elle. J'entends la vie remuer, comme si c'était la première fois qu'elle se levait. L'oxygène envahit la nouvelle planète. Mes cheveux se hérissent. Je me vois partir très loin; les pas de géants arrivent au bord du gouffre; les animaux ont baillé et se sont regardés: le sommeil a été si long que le monde cessait de tourner. J'ai moins de souvenir qu'un nouveau-né. Je souffre tellement que mon visage devient laid. Ma grimace envahit le cosmos. Je voudrais brutaliser les corps qui ne demandent que cela mais quelque chose m'en empêche. Tout se passe comme si l'angoisse allait s'installer dans quelques secondes. Mais je sais bien que l'angoisse n'est que mensonge; mon rêve mord le ciel; la musique devient inaudible; les tympans ne vont pas exploser: je vais éructer et rendre mon âme à la Divinité. Une montagne s'érige au loin. Je n'ai plus de courage; seulement envie de dormir sur la braise qui ne parviendra pas à me consumer. Elle est en moi, maintenant. Je désire embrasser cette mort glorieuse. Non, ce n'est pas vrai. Il semble bien que la vérité ait fini par se déconsidérer elle-même. Cela, je ne le dis qu'à voix basse, très basse. Si je parlais haut et fort, on me prendrait pour un malade mental.
Sunday, April 01, 2007
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