J'ai longtemps cru que cela durerait un siècle. Peut-être cela a-t-il duré mille ans; le temps s'est accéléré; vitesse subite; retour vers l'ancien rêve:il semble bien que les rêves soient immortels. C'est comme si je m'endormais, comme si, me dédoublant, je me voyais allongé et fermer les yeux. Comme si j'étais un autre. Mais non, le poète s'est sans doute trompé: Je n'est pas un autre. J'ai longtemps cru que cette sentence était définitive. Mais la tristesse ne m'effleure pas, cette tristesse qui s'est matérialisée pour un soir et qu'on peut voir si l'on possède encore un cerveau, ce qui est très hypothétique, bien sûr. Je recommence à penser au cosmos poétique, à la poésie des singularités. La tristesse s'estompe comme une photo. Elle jaunit. Tout beauté finit par jaunir. Les derniers jours étaient affreux;les vertiges s'ajoutaient à une grande nervosité, à un désir brûlant de sortir de mon corps nouveau. Les mots m'échappaient; je ne les comprenais plus; je ne saisissais plus la nuit: on assistait à mpes obsèques. Je me recroquevillais pour échapper à la chaleur. Je devenais absurde. Mais je ne l'étais pas, absurde. Je me mentais. C'est comme ça quand on souffre. Quand on a mal, on finit par se mentir. C'est inéluctable. Je suis inéluctable. La foule a fondu au soleil. Le souvenir des corps du jour aveuglant finira par être maudit.
Saturday, April 28, 2007
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