Saturday, January 13, 2007

Engourdissement

Accroche-toi au sommeil, celui dont tu rêvais depuis si longtemps. Le temps se blottit dans tes bras. Rappelle-toi les souvenirs que tu croyais éternels et qui sentent la pourriture maintenant. Tu vas enfin pouvoir sentir ton corps s'engourdir. C'est une nouvelle époque qui t'attend. Tu n'as plus peur. Tu n'es peut-être déjà plus un être humain. Les miroirs sont brisés, les fantômes vont revenir, tout est si simple. Tout sera si simple, désormais. Non, il ne s'agit pas de la mort, comme on pourrait se l'imaginer. Le temps caresse tes songes mais tu ne le vois pas encore. Tu n'as plus de nerfs. Plus rien. Tu t'es dépossédé de toi-même. Tu ne ressens plus le grouillement qui ne voulait pas en finir, encore hier. Le bond a été instantané. Tu ne t'en es pas rendu compte tout de suite. Tu couinais encore comme un chien en laisse. Tu es libre. Tu peux murmurer ce que bon te semble. Personne ne te censurera. Laisse-toi aller, divague: les fleurs épanouies ne pourront plus agresser ton odorat, désormais. Toi qui n'as jamais cru à liberté, toi qui as toujours pensé que la liberté menait au meurtre, tu la goûtes, cette liberté infinie, ce charme incompréhensible, tu le sens. Tu sembles mâcher des malédictions, mais tout cela, c'est bel et bien fini, tu vois. Non, tu ne peux plus rien voir. Tes yeux se ferment et ne se rouvriront qu'au bord de la falaise. Le vent pousse ton corps. Le vent nouveau. Le vent inédit. Le vent dernier.

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