Friday, January 05, 2007

La victoire

Ils n'y arriveront pas. La mort devient innombrable. Ils se croient les plus forts. La mort a faibli. Je la vois flancher, trembler sur ses bases. On m'avait sous-estimé. Ils sont là, bavant de rires et de haine mais l'océan cadavérique ne m'impressionne plus. Je survivrai à l'abjection. Les patries sont décédées et je danse comme un sauvage sur les drapeaux qui rougissent. On me prévient. Je ne sortirai pas de la cellule. On prépare mon avenir. Je n'ai plus de prise sur mon destin; ce sont les chiens mordeurs qui décideront à ma place; la nuit ne succédera pas au jour. La peur de l'engloutissement ne me fait plus pleurer. Les fontaines sont taries. Le soleil s'est accroupi comme pour déféquer je ne sais quelle nouvelle vie. Comédie très sombre de l'histoire inhumaine. Charme obsolète des antiques religions qui devaient faillir, un jour ou l'autre. Tout cela doit certainement porter un sens. Ma chair est ouverte; la souffrance ne peut être plus intense. Les barbares s'imaginent beaucoup de choses. Ils s'imaginent, par exemple, que le regard de la lune va planter ses crocs sur moi. Pour m'achever. Non, c'est un délire de poète; les lunes n'ont pas de crocs. Les lunes ne sont pas des chiens. Métaphore des niais! Les fripouilles enflent et vont très bientôt exploser et ce sera moi. Oui, moi, qui remporterai la victoire sur les hommes d'en bas. Les hommes sont démodés. Je viens de trouver cette sentence définitive et je la hurle à la face grimaçante de la haine qui perd de sa puissance, elle aussi. Fin de l'histoire. Géographie modifiée. Je vois une silhouette qui ressemble beaucoup à la beauté ancienne.

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