Friday, January 05, 2007

L'idiot


Le dimanche 12 janvier 1997, au matin, j'apprenais la mort de Jean-Edern Hallier, ce qui me remplit de tristesse.
Je l'aimais beaucoup; j'attendais toujours avec impatience la sortie de L'idiot international. C'était drôle, cruel, souvent vrai. Je n'oublierai jamais la campagne contre Le Monde des livres, contre les deux momies: Philippe Sollers et Josyane Savigneau, celle qui "sentait le lisier." La campagne aussi contre Bernard Tapie, l'horrible ministre mittérandien. Tout le monde passait à la moulinette, ou presque. A propos de la mort de Charles Hernu, on pouvait lire ce titre: "Charles Hernu est mort. On n'en a rien à foutre!" C'était toujours savoureux. Il est vrai que les individus qui entouraient Hallier étaient un peu douteux ou stupides: Nabe ou Laborde qui ne cessait de répéter: "Libérez Casabonne", l'activiste basque. L'idiot international a dû paraître jusqu'en 1993.
Il est vrai aussi que Hallier jouait trop au grand écrivain. Il ne peut y avoir deux Chateaubriand. Il ne pouvait y avoir non plus deux Napoléon. Mittérand n'était qu'une petite frappe sans conviction. Son air hypocrite m'a toujours frappé. L'honneur perdu de François Mittérand n'était pas encore assez méchant pour cette fripouille. C'est bien écrit mais certains passages ne valent pas la peine d'être lus. Ce qui est intéressant, entre autres, c'est de lire des poèmes de François Mittérand d'une rare bêtise. Quand on pense que notre cher président méprisait Charles Baudelaire, le trouvant pas du tout original...
Oui, Jean-Edern Hallier avait du talent mais, parfois, il trempait sa plume dans la vulgarité la plus immonde. A propos de Simone Weil (la mystique), il disait dans son journal, paru à la fin des années 80, je crois, qu'il aurait aimé la baiser dans les chiottes de la CGT. Il se voulait provocateur. Il n'était que vulgaire. Parfois, il ne brillait pas par l'intelligence. Il disait, pour donner un autre exemple, que la sodomie distingue l'homme de la bête. On disait qu'il était meilleur à l'oral qu'à l'écrit. Peut-être... J'exultais pendant cette émission de Poivre-d'Arvor où, présentant son livre sur Fidel Castro, il s'amusait à choquer les ennemis du dictateur cubain. Ce qui était drôle également, c'était de voir Marie Cardinal, la paysanne de la littérature, lui tournant le dos, en signe de mépris.
Il semble maintenant qu'on veuille le ressusciter. En Chateaubriand. Toujours Chateaubriand. Le dernier livre paru et qui est un recueil de lettres s'intitule: Fax d'outre-tombe. Le Chateaubriand du fax! Pourquoi pas le Céline du mail? Ou le Proust du SMS?
Le bruit a couru et court toujours encore que Jean-Edern Hallier a été assassiné. Il avait beaucoup d'ennemis, certes. Jean-Edern Hallier est mort d'une crise cardiaque, voilà tout. On a voulu en faire le martyr de la liberté d'expression. Ce qui est d'un ridicule achevé.
Philippe Sollers, à la mort de son ennemi Hallier, disait que ce n'était pas le moment de parler de son oeuvre romanesque, voulant nous faire comprendre qu'il aurait été déplacé de dire des méchancetés sur un homme qu'on venait d'enterrer. Phillipe Sollers s'est toujours cru supérieur littérairement à Jean-Edern Hallier. Pauvre Philippe, tu t'illusionnes!

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