Friday, November 03, 2006

La fin

Des voix m'appellent mais je feins de ne pas les entendre. Que me veulent-elles? Pourquoi s'acharner sur moi? Il faudrait que je me déplace à une vitesse supérieure à celle de la vitesse pour les approcher; il faudrait que je voyage dans le passé. Le passé n'est donc pas mort. J'ai l'impression de devenir de plus en plus bête, que ces voix n'existent pas, que je les ai créées. Je suis assis en tailleur à me frotter les mains. Mon corps est glacé, mes yeux gonflés par toute une journée de travail littéraire; je ne sais si c'est la fatigue mais je suis partout à la fois. L'incertitude quant à ma position dans l'espace s'impose. Dans le temps aussi, peut-être. Mes textes sont déjà écrits; ils sont quelque part, pas loin de mon coeur, à quelques centimètres de mon rêve. Il n'y a pas de doute là-dessus. Je continue de me frotter les mains. Si ça continue, je vais me figer pour l'éternité. Je ressemblerai à un tableau de mâître. Une force se met à souffler, comme un monde cannibale qui avalerait tout sur son passage. C'est comme si j'en étais sorti avant d'y être entré. Pourtant, les paradoxes semblaient ne plus devoir exister. Les paradoxes étaient devenues de l'histoire ancienne. Mais il n'y a pas d'histoire ancienne. Le passé est une illusion. Je pousse un petit cri. j'ai vraiment froid, mon cerveau se gerce, mes mains bleuissent. Les voix s'éloignent maintenant. Je me sens mieux. Dans quelques instants, je vais m'endormir et je partirai. Je savais que je me sentirai mieux. Ce moment-là n'était pas loin. Il cohabitait avec le moment de malaise mais cela, je ne vais pas en parler: on se ferait encore une fois du souci pour ma santé mentale. Il est impossible que deux moments se déroulent en même temps. Je m'endors et je ne rêve pas.

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