Je n'avais pas fini sur Paul Léautaud. Je commence par dire qu'il est vraiment dommage que ce soit un écivain négligeable comme Philippe Delerm qui en parle le plus. Quand on me parle de Léautaud, c'est le mot: émotion qui me vient tout de suite à l'esprit. Cet homme que l'on considérait comme le "voyou des lettres" était un être d'une compassion infinie pour ces êtres charmants que sont les chiens et les chats, les chiens et les chats des rues, je précise, parce qu'il ne s'intéressait guère aux animaux de luxe. Chiens et chats faméliques et malades qu'il ramassait dans les rues, qu'il nourrissait, ramenait à Fontenay, augmentant toujours plus le nombre de ses déshérités. Il eut une oie, à un moment donné, oie qu'il prénomma Aurel, du nom de la salonnarde ridicule des Lettres dont il ne cessait de se moquer, du nom de cette "morte profanée." Il se moquait aussi des médecins dont il disait qu'ils ne connaissaient rien, hormis leur spécialité. A ce propos, une anecdote. Un jour qu'il était sur le quai de la gare, attendant son train de banlieue pour Fontenay, un médecin qui l'avait reconnu, s'approcha de lui et une conversation s'engagea. Léautaud se moquant des médecins, le "savant" lui dit: "Je vois que vous êtes un disciple de Molière." Et la réponse cinglante de l'écrivain: "Je ne sais pas si je suis un disciple de Molière, mais vous, vous êtes un de ses personnages!" Une autre anecdote. Dans sa jeunesse, Léautaud vivant dans un petit appartement et possédant un chien de très grande taille, le propriétaire lui avait fait comprendre qu'il devait s'en séparer. Léautaud a eu cette réplique drôle et délicieuse: "Je préfère me débarasser de vous que de ce chien!" Du coup, il chercha un appartement ailleurs.
Léautaud était un vrai ami des bêtes qui déplorait les abandons de chats et de chiens, s'en prenait violemment aux hommes cruels, aux vivisectionnistes, qui aurait été capable d'accepter la Légion d'honneur, oui, si cela avait pu aider à la cause animale. Il faut de toute urgence, si ce n'est pas déjà fait, vous procurer les CD de ses entretiens avec ce cuistre de Robert Mallet. Mais aussi Bestiaire, son journal animal. Et surtout son immense Journal littéraire qui abonde en notes sur les animaux.
Je n'ai pas encore fini avec Léautaud. Il faut que j'évoque Maurice Boissard, maintenant.
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