Monday, November 27, 2006

Little death

J'ai marché, j'ai couru. Je crois avoir fait deux ou trois fois le tour de la ville. Je traîne un peu la pattte, maintenant. Un point de côté. Je commence à souffrir mais la souffrance est éphémère, comme toujours. Je la vois fondre. La neige au soleil brille dans mes yeux; je suis presque arrivé: il ne me reste plus qu'une centaine de mètres à parcourir. Le sang monte à la tête comme un souvenir enfoui qui referait subitement surface. Il m'éclabousse, c'est ça, il est là, à me talonner. Il hennit. Il imite tous les animaux. C'est vraiment trop ridicule. Je ne vais pas me mettre à hurler, moi aussi. Le champ de vision tremble puisque je cours toujours. Ma force m'étonne moi-même. C'est comme si j'avais bu l'équivalent de trois nuits d'ivresse. Maintenant, je peux m'asseoir, je m'allonge. Fermant les yeux, je caresse mon corps qui ne gémit plus. Je suis perdu dans un moment extatique. D'antiques musiques me reviennent en tête, berçant mon corps renouvelé. Tout se passe comme si toutes mes répliques avaient décidé brusquement de se rassembler. Une aurore tiède et sans commune mesure avec la vie réelle passe sa main délicate sur ma conscience qui voudrait pleurer de bonheur. Tout cela existe. La vie se prolonge, c'est la conclusion. Tout ce que je viens de vivre a pris un sacré coup de vieux! On me demande si je vais mieux, mais, comme vous devez vous en douter, je ne réponds pas. Je ne peux répondre. Je suis parti, depuis quelques secondes. J'entends un oiseau de nuit voleter. Il semble me remercier de lui communiquer ma petite mort.

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