Cela fait déjà soixante-douze heures qu'il fait jour.
J'entends des pas, des langues inconnues
(Je suis entouré d'extraterrestres,
c'est certain.) L'oiseau de paradis (phénix)
s'est posé sur ma main dégouttant de sang (vie sale);
je vais être consumé: je suis parterre à me demander qui sont ces êtres qui m'ont agressé. Je ne vois presque plus rien.
Ou plutôt si, je vois encore, mais de manière différente, comme derrière un film opaque. Mon cerveau perd de sa fermeté et, toussant, j'ai la sensation que je vais hurler toute ma haine. Oui, haine pour tous ceux qui sont debout et qui murmurent des plaintes, c'est fort probable. Oui, haine pour tous ces individus qui ont assisté au massacre spectaculaire.
Quand on y réfléchit, on a le droit de n'aimer personne.
Quand on y réfléchit, on perçoit la hideur derrière le décor en carton-pâte.
Quand on y réfléchit, derrière le rideau blanchâtre, tout devient lumineux et on finit par avoir honte de soi.
Quand on y réfléchit, la douleur s'installe. Mal aux reins, aux côtes, -le corps entier martyrisé. J'entends une sirène, c'est ça, une sirène. Je m'appuie sur mes mains blessées puisqu'il faut que je me lève. Des corps me frôlent mais je m'en dégage tout de suite, il faut quitter la foule et au plus vite. La foule est un peuple de vampires qui comptent vous vider de votre vie sale. Je devine que je suis au beau milieu d'une rue sale, elle aussi, et que je vacille. Il faudrait courir; peut-être est-on encore à mes trousses; peut-être le phénix est-il vraiment mort maintenant. Simple refus de résurrection que tout être censé pourra comprendre. Le fonctionnement du cerveau reptilien bat son plein. La non-pensée l'a emporté; civilisation décédée pendant mon agression impitoyable.
Après des dizaines de kilomètres de pensées,
le coeur, harassé, ne veut plus continuer de battre
et le corps malheureux s'engouffre dans la brèche
où gémissent, tels des chiens, l'espoir et le désespoir;
très loin, au bout du tunnel éternel.
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