Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, est entré dans la carrière littéraire en 1932 avec Voyage au bout de la nuit qui a raté de peu le prix Goncourt. Celui-ci a été remporté par Guy Mazeline, auteur d'un livre honorable Les loups, qui n'a pas la puissance du Voyage. Surtout, il n'apportait rien de neuf. Comme les romans actuels. Quoique je me demande si Guy Mazeline n'était pas plus honnête que les pauvres écrivains actuels...Céline! Ce nom fait peur aux niais et aux démagogues de tout poil. Céline antisémite, certes, féroce, évidemment, mais Céline, le génie du verbe. Il faut oser monter dans son "métro émotif" qui nous emporte loin, très loin, son style qui est un éternel rigodon défiant la pesanteur humaine. Ceux qui ne veulent pas lire Céline à cause de ses pamphlets sont des imbéciles. Cela, je ne cesserai de le répéter.
Après le Voyage, il y a eu Mort à Crédit, dont le début n'a pas d'équivalent dans la littérature française, début extraordinaire, je n'ai pas peur des mots. Je suis d'habitude avare de grands mots mais pour Mort à Crédit, cela s'impose; oeuvre décriée, insultée, défendue par son éditeur Denoël (assassiné à la Libération). On traitait Céline de charlatan de l'ordure. Pour ma part, je me sens plus proche de la jeunesse du petit Ferdinand que de celle du Grand Meaulnes. Ensuite, ensuite...C'est le grand saut. Les pamphlets, le premier d'entre eux: Mea Culpa, dont une phrase me trotte toujours dans la tête: Le communisme, c'est concombre et police. Céline ne se trompait pas: le communisme (stalinien ou non) est une horreur. Ensuite,ce sont Bagatelles pour un massacre, L'école des cadavres et Les beaux draps, très beaux titres, il faut le dire.
Je crois que la photo que je joins à ce message date de l'exil au Danemark. On a un peu oublié Guignol's band (I et II) surtout Féérie pour une autre fois (I et II), oeuvre de circonstance mais où la phrase explose complètement. Un vrai régal. Céline est redevenu d'actualité en 1957 avec D'un château l'autre, oeuvre quasi médiévale, décrivant les 1142 collaborateurs réfugiés à Sigmaringen et l'époque contemporaine, les années cinquante, époque de Tartuffes: Mauriac, Sartre et beaucoup d'autres... Puis Nord, qui se passe dans l'Allemagne bombardée. Enfin, Rigodon où Céline écrit: "Le rigodon qu'est tout! Perlipopette que ça saute!" Ces mots résument toute l'oeuvre du plus grand écrivain du 20ème siècle. N'en déplaise aux pudibonds de tout espèce.
Un jour, un sinistre crétin de gauche m'a dit: "Quand on commence à lire Céline, on finit par nier l'existence des chambres à gaz." Il ne se rendait pas compte à quel point il était ridicule. On m'a souvent soupçonné d'antisémitisme et de racisme.
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