Regardez-la, cette charmante, cette magnifique tête de chien. Regardez le visage du mateau-pilon de la littérature, Léon Bloy (1846-1917). Violent Léon Bloy? Oui, mais aussi un être d'une profonde tristesse, si triste, qu'enfant, il pleurait sans discontinuer dans sa chambre et dans le noir. Tristesse incompréhensible aux autres. Il est l'auteur d'Exégèse des lieux communs, de loin supérieur à la critique du conformisme par Flaubert, livre drôle, si férocement drôle, toujours aussi drôle. Il est le méchant catholique au beau style destructeur, unique en son genre. Oui, Léon Bloy est unique, catholique, devenu catholique grâce à son ami Jules Barbey d'Aurevilly. Un catholique sauvage qui a écrit Le salut par les Juifs, livre décrié, livre antisémite pour beaucoup, mais qui demande une lecture très attentive, au style brillant comme du diamant. C'était un grand écrivain de l'Apocalypse et rien que pour cela, il a toute mon estime. A lire: Le désespéré, La femme pauvre. Un recueil de nouvelles aussi, sur la guerre franco-allemande de 1870: Sueur de sang. Et son journal. Toutes ces oeuvres sont parues au Mercure de France (de même que le Journal littéraire de Paul Léautaud, ce qui prouve que dans la Pléiade, il n'y a pas toujours les meilleurs auteurs...).
J'imagine des gens me reprocher d'écrire sur Léon Bloy, un écrivain à oublier et pas sur de grands auteurs comme Jean-Paul Sartre, des poètes comme René Char ou Paul Eluard, mais si je n'en parle pas c'est parce que ces noms-là n'ont pour moi aucune espèce d'importance, voilà tout. Si, on pourrait évoquer le style de Sartre mais, alors, dans une rubrique comique.
Chaque paragraphe, chaque phrase de Léon Bloy est un coup de burin sur le monde en totale décomposition.
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