Guillaume Legli, poète, s'exprime après un séjour de quatre ans dans un grand hôpital psychiatrique de Lyon.
Nouveauxtemps: Ca va?
Guillaume Legli: Ca va, ça va mieux. Je me suis remis à boire. On m'a gavé de cachets pendant quatre ans, vous savez. J'étais un vrai mort-vivant. Je revis, maintenant. Il paraît que j'étais trop nerveux et que j'étais un danger pour moi et pour les autres. C'est des comiques. Ils feraient mieux de boire, comme moi. On deviendrait amis. C'est mes ennemis.
Nouveauxtemps: C'est rédhibitoire?
Guillaume Legli: Oui, définitif. Mais il n'y a pas que les psychiatres. Il y a aussi les concierges, les porte-clefs, les islamistes, les strings, les enseignants, Chirac, les chameaux, les gouines, les écrivains...et d'autres pourris encore...
Nouveauxtemps: Vous détestez tout le monde?
Guillaume Legli: Vous, je vous déteste parce que vous posez des questions. J'ai commencé un nouveau livre de poèmes: La fin de l'humanité. J'ai croisé Sollers. Il m'a dit qu'il ne suffit pas d'être malheureux pour devenir poète, écrivain, qu'on peut être heureux et écrire, écrire sur le bonheur. J'ai toujours cru qu'il portait une perruque, mais non, ce sont ses cheveux. Je n'en revenais pas. Il avait l'air pressé. Il repartait peut-être pour Venise. Il est en train de se momifier. Il a peut-être toujours été une momie.
Nouveauxtemps: Vous allez être publié dans L'Infini?
Guillaume Legli: Sollers me l'a pas proposé et puis je me fous pas mal de sa revue à la con. J'ai jamais pu lire un texte jusqu'au bout. J'ai autre chose à dire: Pascal disait que le monde est un hôpital de fous où il est fou de ne pas être fou.
Nouveauxtemps: Ce n'est pas très cohérent, ce que vous racontez. Vous parlez de Sollers, puis de Pascal, juste après... Vous vous considérez donc comme quelqu'un de raisonnable? Vous n'êtes pas fou? Il semble tout de même que vous ayez eu quelques accès de nervosité, votre long séjour en hôpital psychiatrique tendrait à le prouver.
Guillaume Legli: A le prouver? Quelles preuves? Dès qu'on a décidé que quelqu'un est fou...Je peux prouver facilement que vous êtes complètement givré. Mais le problème n'est pas là. Le problème, c'est mon cor au pied. Mais ce n'est pas seulement cela. Les écrivains, les artistes sont des ordures. Mais les autres aussi: les présentateurs de jeux télévisés qui ont dépassé en vulgarité et en cynisme tout ce qu'on peut imaginer et les présentateurs de journaux télévisés, je ne vous en parle même pas! Il y a des tsunamis qui se perdent! L'occident devrait crever une bonne fois pour toutes. Il y a une sorte d'injustice. Il faut toujours que les tremblement de terre touchent l'Indonésie, la Thaïlande, des pays de merde, des pays de misère et de dictature. Dieu nous est hostile.
Nouveauxtemps: Vous êtes très mystique, vous n'avez pas changé là-dessus. Vous nous aviez parlé la dernière fois, en 1999, d'un poème sur les Pères de l'Eglise. Où en êtes-vous de la réalisation de ce projet?
Guillaume Legli: J'ai beaucoup lu Basile de Césarée, Irénée de Lyon et les autres génies chrétiens. J'ai écrit quelques poèmes là-dessus. Je n'écrirai jamais de roman, qui est un art inférieur. Je laisse ce ridicule à des gens comme Didier Van Cauwelaert ou Amélie Nothomb. Amélie, je ne donnerais jamais ce nom à ma chienne. Tout cela pue la prétention et le dérisoire. Ces gens ne méritent pas qu'on parle d'eux. Je rêve de l'ère de la grande synthèse. Tout le monde dans la charrette, sans distinction de race, de couleur de peau.
Nouveauxtemps: Vous êtes un poète apocalyptique. Un critique, il y a quelques années, vous a comparé à Ezéchiel.
Guillaume Legli: Ezéchiel, Daniel, Malachie, tous ces noms sont merveilleux. Il n'y a rien de plus beau que les noms hébraïques. Pour un poète, ces noms ont des sonorités particulières. Si on fait la liste de tous les prophètes juifs, on obtient un poème!
Nouveauxtemps: A quand la publication de votre poème sur les Pères de l'Eglise?
Guillaume Legli: Je n'ai plus envie de parler. Bonsoir!
A paraître: La fin de l'humanité
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