Saturday, October 21, 2006

A Francis Jammes

Ô Jammes, ta maison ressemble à ton visage.
Une barbe de lierre y grimpe, un pin l'ombrage,
Eternellement jeune et dru comme ton coeur
Malgré le vent et les hivers de la douleur.
Le mur bas de ta cour est doré par la mousse,
La maison n'a qu'un humble étage, l'herbe pousse
Dans le jardin autour du puits et du laurier.
Quand j'entendis, comme un oiseau mourant, crier
Ta grille, un tiède émoi me fit défaillir l'âme.
Je m'en venais vers toi depuis longtemps, ô Jammes,
Et je t'ai trouvé tel que je t'avais rêvé.
J'ai vu tes chiens joueurs languir sur le pavé,
Et, sous ton chapeau blanc et noir comme une pie,
Tes yeux francs me sourire avec mélancolie.
Ta fenêtre pensive ouvre sur l'horizon;
Voici tes pipes, ta vitrine qui reflète
La campagne parmi les livres des poètes. (...)

(Charles Guérin)

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