Il y a de cela peut-être un an, comme j'achetais Un singe en hiver, une libraire me dit: "Quelqu'un qui lit Antoine Blondin ne peut être foncièrement mauvais." Comme elle avait raison! Les sales types lisent plus volontiers Christine Angot ou Alexandre Jardin. Pas de doute là-dessus. Blondin (1922- 1991), j'aime le lire; il est un styliste qui est encore méconnu, un styliste qui regrettait de ne pas avoir le talent de Roger Nimier.Et pourtant, il en avait, du talent! Un styliste dont les livres ne nous font pas perdre notre temps comme les pauvres écrivaillons actuels (à part Benoît Duteurtre et Maurice G. Dantec, le paysage littéraire est désertique). Un styliste qu'on ne peut qu'avoir plaisir à lire si l'on est armé d'un peu de sensibilité. Un buveur passionné qui voyait, bien sûr, dans le petit blanc, un moyen de quitter pour un moment le monde si terrestre, qui y voyait une forme de métaphysique, comme le héros d'Un singe en hiver qui, après une abstinence de vingt ans, reprend la route pour le Yang Tsé Kiang. Un vrai mystique, comme lui dit sa femme. Je recommande aussi Le marchand de quat' saisons, L'école Buissonnière qui avait été noté 6 sur 20 par l'innénarrable bande à Philippe Sollers, les petits comiques de Tel Quel, les lourdingues du maoïsme avec lesquels j'aurais toujours refusé de boire un verre. Celui qui ne connaît pas Antoine Blondin a un trou dans sa culture littéraire, dans sa culture tout court.
Je recommande également l'excellent livre de Christian Millau Au galop des hussards. Cet ouvrage évoque très largement Roger Nimier mais un chapitre est consacré aux frasques d'Antoine Blondin qui, un jour, courut se réfugier dans une cabine téléphonique pour échapper à la fureur des consommateurs d'un café qu'il avait aspergés d'eau. Cette anedocte ne peut que nous le rendre sympathique.
Je n'ai qu'un regret: celui de ne pas m'être soûlé avec Antoine Blondin.
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