Je ne suis pas aussi désespéré que la jeune fille en larmes peinte par Roy Lichenstein, je ne dirais pas que c'est sans espoir, mais, tout de même, je reconnais que la semaine a été merveilleuse. Les scientifiques disent souvent que le temps ne passe pas, que le temps est un 'invariant', pour reprendre leur terme, que c'est nous qui passons. Oui, je passais, cette semaine, mais je passais très lentement. J'avais du mal à avancer, j'étais embourbé dans un marais qui menaçait de m'engloutir. Au fond, c'était une vraie souffrance. Les heures pesaient des tonnes. La gravité avait pris des proportions gigantesques. Les lumières s'éteignaient. Je stagnais dans un trou noir. Je devenais éternel. Je n'avais pas de larmes.
Certains collègues me parlaient sèchement en me regardant les chaussures. On me jugeait sévèrement, en somme. Je devais avoir l'air consterné, comme souvent dans ces cas-là. Les critiques ont dû fuser dans mon dos mais cela ne me gêne pas du tout. Je suis imperméable aux crachats dans le dos. L'ambiance devenait de plus en plus débile. Je n'y peux rien. Je ne peux supporter la débilité. Cela doit être congénital. La jeunesse est navrante. Je l'évite autant que je peux. Un seul de mes collègues me remontait le moral. Il avait toujours le sourire et un air tellement triste qu'il m'attendrissait.
Depuis quelques années, j'ai l'impression, la certitude d'avoir perdu mon âme.
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