Monday, February 19, 2007

Au tribunal populaire, les traîtres!


Je ne me souviens pas d'avoir évoqué dans un message Le Canard enchaîné. Il faut bien parler de ce journal satirique qui semble être une officine de dénonciation des traîtres à la gauche qui rallient Nicolas Sarkozy. Comme soi-disant Alain Finkielkraut qui a démenti, en précisant tout de même qu'il n'y a rien de monstrueux à être sarkozyste et que le ministre de l'Intérieur n'est tout de même pas le mage de Téhéran. D'autres se sont clairement mis du côté de Sarkozy, comme André Glucksman, Pascal Bruckner ou Max Gallo, le napoléonien, malade de la France actuelle (Je peux le comprendre). Oui, il y a un drôle de phénomène: la droitisation des intellectuels de gauche. Pour Aude Lancelin, du Nouvel Observateur, cela doit être une sorte de maladie dégénérative. Le virus sarkozyen est très grave; de plus, il semble contagieux. Notre vie peut être mise en danger. Les sarkozystes sont certainement des martiens délétères. Nous sommes dans un magnifique film de science-fiction.
Un certain François Cusset, un homme remarquable, paraît-il (La plupart des intellectuels qui sont loués ne le méritent pas.), va encore plus loin: il traite Finkielkraut et consorts d'humanistes réactionnaires, s'offrant le luxe d'une splendide allitération sur Finkielkraut (que l'on persécute, je ne crains pas de le dire). En effet, ce poète de tribunal populaire parle d'un philosophe lumpenisé, sinon lepénisé. Un autre, dont je ne veux pas donner le nom fait l'éloge du concept ségolénien de haut vol de démocratie participative. Si ça continue, je vais vomir sur l'ordinateur.
Les renégats des "barsero de mai 68", comme le dit la militante devenue complètement folle Aude Lancelin, sont les infidèles de la gauche génréreuse, celles du coeur gros comme ça. Au moins, un type comme Benjamin Stora, (un autre créateur de mots celui-là, qui a inventé la "berlusconisation" de la vie politique) reste fidèle à ses principes moraux, moralistes. Il faut pas oublier que le contexte est le même que celui de la guerre d'Espagne et que le slogan "No pasaran!" reste encore d'actualité. En réalité, il faut relire Le rappel à l'ordre de Daniel Linderberg, le juge suprême qui condamne les traîtres à la gauche.
Oui, comme le dit l'immense Philippe Sollers, la France sent le moisi. Oui, comme l'affirme le démographe Emmanuel Todd, c'est Sarkozy, le voyou. Il aurait pu dire racaille; il aurait exprimé le fond de sa pensée. Voyou comme ceux qui se rallient au monstre de la police, de la répression qu'est le ministre de l'Intérieur. Tous ces gens qui ont le front de récuser l'étiquette de néoréactionnaires. Des fascistes voyous, pour synthétiser. La gauche est impitoyable; c'est le tribunal permanent. Si certains gauchistes le pouvaient, ils rétabliraient les purges.
Qu'on ne se méprenne pas sur moi. Les sarkozystes ne m'enthousiasment pas mais je trouve très drôle de voir une gauche puritaine en pleine panique.

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