Saturday, February 24, 2007

I remember

J'étais loin, loin, au bord des larmes, au bord de la falaise. J'allais m'écraser sur les rochers sans nom. Je commençais à hurler à la mort; je voyais trouble; mes jambes tremblotaient. On me poussait mais je gardais encore quelques forces. Le vent était un allié. Je me regardais dans le ciel gris foncé; les minutes ralentissaient, comme chaque fois que le rêve s'installe. Tout ça, c'est du passé, maintenant, mais je n'oublierai pas. Je ne peux rien oublier. Chaque jour, je consigne les états différents de mon être et chaque jour, je feins de pleurer, comme si j'étais à bout, au bout de tout. J'adore me jouer la comédie. Je ne suis plus au bord du gouffre; je dors sur la grève; l'air purifié caresse mes cils; le monde est dépeuplé: je ne recommencerai plus. Je suis la feuille au vent. On écrit sur moi, dans la cuvette de l'horizon, je le sais. Je ne peux rien y faire; j'aurais voulu qu'on ne remarque pas mon existence mais qu'y puis-je? L'amour s'accroche à la barrière du rêve; je n'en veux pas; je ne le désire plus: jamais la sérénité ne m'a gagné comme aujourd'hui. Le matin s'annonce éternel. Je suis éternel; je suis l'éternité; on sculpte un sourire sur mon visage ancien: on me façonne avec de la terre. L'odeur de la terre m'enivre; sensation inédite; le monde humain est obsolète. Je n'ouvrirai pas les yeux, j'ai tout l'univers en moi, maintenant. J'ai toujours cru que les oiseaux cruels allaient m'arracher les yeux. Je délirais. Je sais que les mensonges sont bel bien décédés.

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