Sunday, February 18, 2007

No end

Il fallait réfléchir. Le cerveau s'est ramolli. On ne peut pas donner d'autre explication. Et puis, d'abord, pourquoi chercher à réfléchir? Il faudrait que j'arrête de courir; les ombres maléfiques ont fondu au soleil. Le soleil ne sera plus cruel comme avant. Je fais très attention à ne pas tomber dans les trous; je vis un supplice mythologique; je suis condamné à courir éternellement. Supplice très drôle. Si ça continue, je vais me mettre à rire, moi aussi. Mais les rires sont des fantômes. J'ai l'impression de voir toujours le même paysage, comme si je courais absurdément, comme si je courais sur place. Un sentiment de cruauté m'envahit; il me rend heureux; je veux vivre avec jusqu'à la fin des temps: on a le bonheur qu'on peut. Je suis condamné à ne jamais connaître cette délicieuse sensation d'épuisement. J'ai dû faire trop de mal mais j'ai perdu la mémoire. C'est bien mieux comme ça. Je suis un homme sans histoire. Je viens de naître. Je suis né en enfer; je cours sur des braises glaciales. Il n'y a plus de paradoxe. Les paradoxes étaient la maladie du monde ancien. J'accélère sur le monde moderne. J'ai failli tomber dans un trou. C'était presque trop tard pour moi. J'assiste au ralentissement de l'alternance des jours et des nuits; la pression est trop forte; je vais finir minuscule comme une tête d'épingle. Non, ce ne sera pas bien fait pour moi. Je n'ai fait du mal qu'à mon esprit. L'esprit aux confins de la nuit qui ne veut plus avancer. Je suis seul, comme si je payais pour le monde entier.

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