Friday, February 16, 2007

Les yeux dans le vide

On me prend pour un idiot; on me dit d'arrêter de regarder dans le vide, que je vais sombrer dans un petit moment dans le coma, que je ne me rends compte de rien. C'est comme si la foule n'existait plus. Je ne regarde pas dans le vide. Je ne vais tout de même pas dire que j'aperçois l'invisible; pourtant, c'est le cas. Je ne m'en vante pas. Je n'en parle pas; je vibre avec les cordes; mon corps va devenir minuscule: le rêve est à portée de main, depuis quelques secondes. Les chants se sont tus. Voilà, la foule s'évanouit dans l'air, comme si elle n'avait jamais existé. Je tiens le bonheur dans mon poing. Je ne le laisserai pas s'échapper. Je suis prêt à me battre. Mais je suis tout seul sur Terre; je suis ridicule; personne ne me voit, heureusement: j'échappe à une mort programmée. J'ai toujours les yeux dans le vide. Sur la planète des animaux paisibles, je me roule dans le songe renouvelé. La réalité voudrait jouer avec moi, mais je la repousse comme une malpropre. La réalité sent très fort, ce matin. Mais je ne dis rien. Il faut se taire et se contenter d'être heureux. Les cordes vibrantes grandissent à un point que vous ne sauriez imaginer. Je dis: vous, mais il n'y a plus personne. Je suis tellement habitué au commerce des animaux féroces que je vais me mettre à pleurer. Non, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas ce que l'on croit. Je ne détestais personne. J'ai honte de la réalité.

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