Le songe s'effondre sur lui-même et, à ce moment-là, je me mets à délirer. Le songe peut passer maintenant par le chas d'une aiguille. Tout va bien se passer. Les oiseaux écrasés par la pesanteur du trou noir gisent sur le sol. Je vais moi aussi m'effondrer sur moi-même. La nuit s'est enroulée dans une cavité. La lumière est incapable de s'échapper. C'est bien mieux comme ça. Chaque seconde est éternelle. On n'aura plus de questions à me poser. Les animaux se couchent sur le côté. Ils vont dans un instant fermer leurs yeux idiots; ils voudraient bien m'étriper mais leurs forces les abandonnent. Je leur fais un geste obscène, qu'ils ne comprennent pas; la capacité de leur cerveau est de plus en plus réduite. On me caresse; je me retourne mais il n'y a personne. La Terre semble être dépeuplée, brusquement. Il n'est plus besoin d'écrire. Ecrire est devenue une activité risible. Je vois au loin une cérémonie; c'est l'enterrement de l'ignominie: je me doutais qu'un jour le bonheur siègerait à côté de mes lèvres tremblantes. Je mesure deux centimètres, depuis quelques secondes. Je suis une corde. Une corde enroulée sur elle-même. Elle s'enroulera indéfiniment, la dimension nouvelle. Je veux pousser un hurlement. Mais le son est retenue par la gravité. Il ne peut donc être expulsé. Je vois des livres littéraires devenir incandescents.Il n'y a plus rien à faire.Ils ont fait leur temps. Je tends les bras mais ils rétrecissent encore. Les mouvements du corps sont condamnés désormais.
Sunday, February 04, 2007
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