Wednesday, February 21, 2007

Death of the moon

Je m'accroche à ce fil comme si j'allais tomber. Je me balance sur un fil abstrait, si j'ai bien compris. On va encore me traiter de fou mais ce n'est pas cela. Non, j'ai tout compris maintenant. J'ai été dans les ténèbres pendant des années. La lune s'écrasera sur mes songes. Aucun doute là-dessus. Les chiens m'avaient prévenu mais je ne voulais pas les écouter. Je les haïssais. La haine est ridicule; voilà une sentence qui me plaît. Je suis assis en tailleur maintenant, m'imaginant que j'ai fini par saisir le fondement du monde. Je compte écrire un roman qui retracerait mon ignorance, celle de toujours. J'ai envie de boire, de me saouler, de repartir dans le soleil nichant sur les toits d'ombre. La lune semble sourire maintenant, l'énorme tête. J'ai des tics nerveux; il faut que je me lève; la gloire n'était qu'un rêve: les chiens n'avaient pas tort. Non, je ne me réveillerai plus; les matins sont interminables; le gouffre s'approfondit: la Terre va tomber dedans en hurlant. Je me boucherai les oreilles. J'écris les premières phrases du roman qui n'aura certainement pas de fin. Je commence par évoquer la mort de la lune qui ne tient plus qu'à un fil, la lune en carton pâte. La belle lune, si chère aux poètes. Je ne vous ai pas dit qu'hier, j'ai assisté à l'enterrement des poètes. J'étais heureux. Le vent me faisait sourire; la tièdeur du printemps caressait mes yeux; les hommes pleuraient: je voulais être immortel. La beauté titubait, ayant encore trop bu.

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