Il y a quelques jours que je repense au poète et dramaturge Pierre corneille et que je regrette de n'avoir rien écrit sur lui, en 2006, qui était le quadricentenaire de sa naissance. Encore des regrets! Avec mon mea culpa, maxima culpa de ce matin, on va croire que je prends plaisir à m'autoflageller. Oui, je le reconnais, je l'avais oublié, Pierre Corneille (qui, pour moi, est bien supérieur à Jean Racine).
Il paraît que l'académicien Jean-François Deniau, peu avant sa mort, s'en prenait violemment contre les tenants de la culture et de l'éducation, qui, étourdis comme ils sont, avaient oublié de commémorer la naissance de Pierre Corneille. Il faut dire que leur oubli est tout à fait compréhensible. N'oublions pas que Pierre Corneille est l'auteur d'une oeuvre aux relents nauséabonds, comme diraient les gauchistes pur sucre. Il a écrit Le Cid et, cela, pourra-t-on le lui pardonner un jour? Il paraît, dixit je ne sais quel exégète de caniveau, que c'est "une pièce d'extrème droite". Une pièce réactionnaire, fasciste, pour tout dire. Seuls les fascistes font la guerre aux Maures. C'est bien connu. J'ajouterai un détail que j'ignorais: Pierre Corneille avait un parent qui pratiquait la traite négrière. Nous ne pouvions pas fêter l'anniversaire de la naissance d'un écrivain islamophoble qui use de mots infâmes et qui, par-dessus le marché, est issu d'une famille d'esclavagistes. C'est cela, être citoyen. Il faut dénoncer la culture classique qui, par essence, n'est pas démocratique.
Mais il n'y a pas que Corneille. Voltaire, également, est dans la liste noire. Et d'autres encore, bien sûr. Il faudrait relire tous les classiques mais cela demanderait un travail trop énorme. Le mieux, le plus simple, ce serait d'interdire purement et simplement la culture classique. Du reste, la culture, comme on nous l'assène à longueur de journée, ce sont les oeuvres actuelles. L'actualité, c'est la culture. Plus le passé. Le passé est par définition réactionnaire.
J'arrête là-dessus et je laisse la parole à Rodrigue:
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles;
L'onde s'enfle dessous, et d'un commun effort
Les Mores et la mère montent jusques au port.
On les laisse passer; tout leur paraît tranquille;
Point de soldats au port, point aux murs de la ville.
(...) Nous nous levons alors et, tous en même temps,
Poussons jusques au ciel mille cris éclatants.
Les nôtres, à nos cris, de nos vaisseaux répondent;
Ils paraissent armés, les Mores se confondent,
L'épouvante les prend à demi descendus;
Avant que de combattre ils s'estiment perdus.
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