Mea culpa

J'ai souvent bien parlé de Droit de Réponse, l'émission de Michel Polac, la regrettant et fulminant contre les non-débats télévisés actuels, dont la plupart ne sont même pas diffusés en direct. Hier soir, j'ai regardé un épisode de Droit de réponse, datant de 1982. J'en avais un vague souvenir. Brusquement, je me suis retrouvé à cette époque, un quart de siècle en arrière. Quel choc... Je ne me doutais pas que cette émission était aussi consternante. Le sujet du débat était le dépot de bilan de Charlie Hebdo. Outre un Michel Polac incapable de diriger son émission, j'ai pu revoir tous les pantins risibles (et qui le sont, pour certains d'entre eux encore) de l'époque. Un François Weyergans, le genre ahuri qui vient de sortir de son lit, Jacques Sternberg, le non-écrivain qui passait pour un comique, un peu ahuri, lui aussi. Un Pierre Desproges qui se croyait fin en disant quelque chose comme: "C'est très bien que les journalistes de Minute et ceux de Charlie Hebdo puissent discuter ensemble."Il avait peut-être bu plus que de raison, ce soir-là. Un Renaud gueulant contre la dictature au Chili et en Argentine. Et un Gainsbourg soufflant sur un ballon et le mettant entre les jambes ensuite. A un moment donné, il s'est levé, furieux et a eu ces mots d'anthologie: "Les paras, je les ai mis au pas!" Il devait faire allusion à sa Marseillaise en reggae qui n'était pas du goût des militaires. On a toujours dit, et on le dit encore, que Gainsbourg jouait un rôle, qu'il y avait Gainsbourg et Gainsbar. Il semble que cela soit complètement faux, que Gainsbourg n'ait été qu'un dégénéré qui souffrait de ne pas être poète, artiste. Non, Gainsbourg n'était ni docteur Jeckill ni mister Hyde. C'était un décadent malheureusement sans génie.

Je passerai sur Dominique Jamet prêt à embaucher tous les déssinateurs de Charlie Hebdo, qui ne voulaient pas de lui. Au fond de la salle, le professeur Choron faisait n'importe quoi. Siné, le gauchiste raciste, hurlait comme un porc. Seul Georges Wolinski semblait vouloir garder sa dignité. En revoyant cette émission, j'étais tétanisé. Comme quoi, j'embellissais le passé négligeable.

Je me souviens que je regardais chaque fois Les Incorruptibles après Droit de réponse. Cette série est indémodable, tandis que l'émission de Polac est à jeter aux oubliettes merdiques.